Histoire détaillée : le parc Paul Mistral

Le parc Paul Mistral, vaste espace vert en cœur de ville (33 hectares), témoigne de l’histoire militaire, politique, urbaine, industrielle, artistique et sportive de Grenoble.

Le polygone du Génie

L’histoire du parc Paul Mistral est directement liée à celle des fortifications de la Ville. Ce dernier a en effet été aménagé sur le polygone du Génie, en limite extérieure des fortifications construites sous la direction du Général Haxo entre 1836 et 1848. Face aux progrès de l’artillerie, cette nouvelle enceinte se révèle rapidement obsolète. En 1860, le rattachement de la Savoie à la France (traité de Turin) diminue le rôle stratégique de Grenoble comme place forte.

Les fortifications enserrant la ville sont alors perçues par les élites industrielles et politiques comme une entrave au développement urbain. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, la municipalité engage des négociations avec l’autorité militaire pour modifier l’emprise des servitudes militaires et disposer des terrains situés en bordure des fortifications. Aucune concession ne sera faite par l’Armée avant la fin de la Première Guerre mondiale.

Au lendemain du conflit, la loi Cornudet impose aux villes de plus de 10 000 habitants de se doter d’un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension. Paul Mistral, élu maire en 1919, confie cette tâche à l’urbaniste Léon Jaussely en 1922 et saisit cette opportunité pour concevoir le projet d’une cité affranchie de ses remparts. Dès l’année suivante, la municipalité décide d’organiser une Exposition internationale de la Houille blanche et du Tourisme et choisit de l’implanter sur le polygone du Génie. L’aménagement du terrain en vue de la manifestation nécessite de nombreux travaux d’aménagement : la démolition des fortifications, le comblement des fossés, la canalisation des eaux et la dévégétalisation.

Le parc de l’Exposition internationale

Au-delà de la manifestation industrielle, scientifique et économique, l’Exposition est conçue comme une opportunité urbaine et comme la première déclinaison du plan d’aménagement conçu par Léon Jaussely.

La destruction des fortifications commence au début de l’année 1924. L’Exposition se dote d’une tour d’orientation construite par Auguste Perret. Avec ses 90 mètres, elle est alors la plus haute construction d’Europe en béton armé. D’autres aménagements voient également le jour : le palais de la Houille blanche, le pavillon et le parc des Eaux et Forêts, le palais de l’Italie, le palais des Industries Touristiques et les pavillons des multiples exposants (biscuits Brun, Merlin & Gerin, Papèterie de France, etc.).

L’Exposition, ouverte en mai 1925, connaît un vif succès jusqu’à sa fermeture au mois d’octobre suivant. A son issue, la municipalité décide de transformer le site en parc public appelé parc de l’Exposition puis, plus tardivement, parc Paul Mistral. Pour ce faire, elle choisit de détruire les infrastructures, excepté le palais de la Houille blanche et la tour d’orientation.

Les Jeux olympiques de 1968

Le plan d’urbanisme dessiné par Léon Jaussely prévoyait l’implantation d’infrastructures sportives en bordure du parc. Seul le stade Charles Berty est réalisé en 1936.

L’organisation et l’accueil des Jeux olympiques d’hiver reprennent ces propositions d’aménagement : le palais des glaces (actuel Palais des sports) et l’anneau de vitesse sont construits sur le pourtour du parc. Le site est redessiné sous la direction de la paysagiste Ingrid Bourne : il acquiert son tracé actuel avec le jardin Alpin, sa rivière, son étang et ses rocailles. Ces aménagements occasionnent la démolition du palais de la Houille blanche.

Le nouvel hôtel de ville (jusqu’ici, situé dans l’ancien hôtel de Lesdiguières au jardin de Ville), dont la construction est confiée à l’architecte Maurice Novarina, prend place entre le boulevard des Alpes (actuel Boulevard Jean Pain) prolongé jusqu’à l’Isère et le parc.

Durant l’été 1967, la Ville de Grenoble invite des artistes de divers pays pour participer au premier Symposium de sculpture organisé en France. Leurs créations, réalisées en extérieur, permettent de confronter le public, les œuvres et les artistes. Le parc abrite aujourd’hui 4 des 15 œuvres alors réalisées : Mutants de Maxime Descombin, Père et Fils de Gregor Apostu, Petit Plaisir de Joseph Wiss et Pousse de marbre de Gigi Guadanucci.

En 1972, un monument dédié à Paul Mistral est érigé près du Boulevard Maréchal Foch sous la municipalité Léon Martin. Il sera ensuite transféré dans le parc Paul Mistral.

La vasque olympique, conservée à l’Institut National des Sports de Vincennes, est restituée à Grenoble pour être installée sur une fontaine à l’entrée ouest du parc. Elle est inaugurée le 19 janvier 1988.

Le XXIe siècle

Au début des années 2000, d’importants travaux de réaménagement du parc sont initiés. L’ancienne patinoire est transformée en halle sportive et baptisée halle Clémenceau. Le stade Charles Berty est démoli et remplacé par le stade des Alpes.

Le parc est agrandi et réaménagé en direction de l’Isère sur l’emprise de l’échangeur des Sablons, réorganisé afin de libérer des espaces verts jusqu’alors inaccessibles pour les piétons. Cette connexion entre rivière et parc traduit la volonté de retisser des liens entre cité et nature et d’organiser un meilleur partage de l’espace entre voitures et piétons.

Cette extension permet de remettre en valeur l’un des derniers bastions de l’enceinte Haxo (enceinte construite entre 1824 et 1848) ainsi que la sculpture L’envol : l’oiseau de Costas Coulentianos. Le parc est également étendu sur 10 000 m² de parkings situés le long du boulevard Jean Pain.

L’œuvre monumentale d’Alain Kirili intitulée Résistance, installée au sud, est inaugurée le 14 mai 2011.

A ce jour, le parc Paul Mistral compte 80 essences d’arbres et 19 sujets remarquables. Il présente de vastes pelouses et prairies, des espaces forestiers, des aires de jeux, un petit train, des agrès de fitness inter-âge.

Le site accueille un grand nombre de manifestations organisées par la Ville pour les Grenoblois tels que l’Eté Oh ! Parc, le feu d’artifice du 14 juillet, des concerts, des manifestations sportives et des commémorations.

Période historique

6ème période : 1925 / 1968

Classé en

  • Patrimoine Paysager
  • Patrimoine Urbain (Jardin)

Thématique(s)

  • Histoire & Evolution de la ville
  • Patrimoine naturel et paysager

Crédit (auteur)

Service Espaces verts et VAH, Ville de Grenoble

Date

1925