Histoire détaillée : le jardin de Ville

Plan de Grenoble, 1776 : le jardin en bordure de l'Isère
© BMG

Le Près de la Trésorerie

Jusqu’en 1620, l’emplacement occupé par l’actuel Jardin de Ville est situé à l’extérieur des remparts romains. Depuis le Moyen Âge, il porte le nom de «Près de la Trésorerie» et accueille les foires qui ne peuvent s’installer sur la place du Breuil (actuelle place Grenette). Il est dit que ce près est métamorphosé en jardin pour de grandes circonstances et lors du passage d’hôtes de marque. Les plans anciens dépeignent un jardin typique de la Renaissance composé de massifs de broderie (massifs de fleurs savamment dessinés), de topiaires (arbres et arbustes taillés) et de pièces d’eau.

Le palais et les jardins de Lesdiguières

Au début du XVIIe siècle, le gouverneur du Dauphiné, François de Bonne, Duc de Lesdiguières, fait édifier sa résidence grenobloise au bord du Près de la Trésorerie (hôtel de Lesdiguières, occupé actuellement par la Maison de l’International et la bibliothèque du Jardin de Ville). En 1620, il fait aménager ses jardins particuliers dans le Près de la Trésorerie. Le parc est alors intra-muros, intégré dans la nouvelle enceinte bâtie par Lesdiguières.

Par un jeu subtil de terrasses, le jardin est isolé de l’Isère au nord et du Draquet (branche du Drac aux crues soudaines) qui coule à l’ouest, approximativement à l’emplacement de l’actuelle rue de Belgrade. Il est composé de parterres de fleurs, d’orangers, de citronniers, de myrtes, de jasmins d’Espagne et de lauriers en bacs, d’un bois (partie sud), de promenades, de mails, d’espaliers d’arbres fruitiers et de fontaines.

Du jardin de pouvoir au jardin public

La grande terrasse avec son mail de marronniers et sa balustrade en pierre de Sassenage (partie ouest), la terrasse des tilleuls et l’orangerie (actuelle école du jardin de Ville) sont édifiées en 1675. L’année suivante, Jean Alluy, maître maçon et maître architecte de la ville de Grenoble, exécute les fontaines et les balustrades en pierre blanche de Saint Quentin donnant sur la rue Montorge.

Les Villeroy, successeurs du Duc de Lesdiguières et de leurs héritiers, les Créqui, se désintéressent progressivement du Dauphiné pour séjourner à la cour du Roi. Leurs biens (notamment le Domaine de Vizille et le palais de Lesdiguières à Grenoble) sont laissés en désuétude. Par simple indulgence, les Villeroy autorisent les Grenoblois à déambuler dans ce parc laissé à l’abandon.

La ville de Grenoble acquiert les jardins, le palais et de ses dépendances le 5 août 1719 pour 150 000 livres. Le palais de Lesdiguières devient la résidence du Consul (l’équivalent du Maire) et le siège de l’hôtel de ville puis de la Préfecture.

Le jardin de l’Hôtel de Ville

Après l’achat des lieux par la Ville, d’importants travaux de réaménagement sont initiés. Les arbres séculaires qui dépérissent sont abattus et remplacés. Le bois est entièrement renouvelé en 1736. Neuf-cents arbres sont replantés dont deux-cents tilleuls à grandes feuilles. Les allées du jardin et du bois sont, elles aussi, restaurées avec l’apport de 2 020 tombereaux de sable et de gravier. A l’époque, ce jardin est réservé aux personnes dites de «distinction» et interdit aux personnes du peuple. L’accès en est contrôlé par deux soldats invalides qui assurent l’ouverture et la fermeture.

Le jardin sert occasionnellement de salle de bal et d’emplacement pour les foires. Lors de ces dernières, des baraques en bois sont construites dans le bois de manière à former des allées qui portent les noms suivants : rue de Grenoble, rue de Paris, rue d’Hercule, rue des Fleurs, etc.

Du jardin Classique au jardin Romantique

Au fil des réaménagements, le jardin évolue pour passer du style Classique au style Romantique. Les parterres de fleurs du jardin creux, qui étaient interdits au public jusqu’alors, lui sont ouverts en 1867. Le gradin à musique, construit en 1874, est remplacé en 1886 par le kiosque actuel et les trois allées (l’allée des Tilleuls, l’allée des Veuves et l’allée des Soupirs) sont élargies. Le Conseil Municipal valide le lancement d’une étude pour le réaménagement du bois en jardin paysager. Le bois est réaménagé à l’occasion d’une exposition d’horticulture en jardin à l’anglaise avec une fontaine (le Torrent – fontaine initialement située place de la Constitution), un cours d’eau, des rocailles, des massifs d’arbres, d’arbustes et de fleurs.

Déclin et réaménagement

La Première Guerre mondiale, puis la crise, laissent le parc dans un état d’abandon prononcé. Le jardin paysager, ses rocailles et sa fontaine sont supprimés avant la Seconde Guerre mondiale. La pièce d’eau est, quant à elle, comblée à cause de la prolifération de moustiques.

Dans les années 1980, la Municipalité initie un projet de restauration du Jardin de Ville. Les arbres malades sont abattus et remplacés ; les allées et l’espace situé au pied des platanes bicentenaires sont restaurés ; une grande aire de jeux est créée.

Période historique

Hors période

Classé en

  • Patrimoine Paysager
  • Patrimoine Urbain (Jardin)

Crédit (auteur)

Service des Espaces Verts, Ville de Grenoble