Olympisme et « avant-gardes » (1968 - 2000)

Anneaux des Jeux olympiques de Grenoble au Parc Paul Mistral.
© Photographie noir et blanc, 1967-1968, AMG.

7ème période : de 1968 à l’aube du XIe siècle

Portées par l’expansion de l’après-guerre et par les Jeux olympiques, les années 1960 sont une période foisonnante où les projets se multiplient. Les aménageurs, considérant souvent la ville comme un terrain vierge à conquérir, proposent des bouleversements gigantesques. La création du campus universitaire « à l’américaine » sur les communes voisines de Saint-Martin-d’Hères et de Gières illustre la réalité d’une cité devenue agglomération, et aujourd’hui Métropole. Avec l’arrivée du tramway dans les années 1980, le centre ancien fait l’objet d’aménagement et de renouveau.

Une métamorphose urbaine

L’idée des Jeux olympiques d’hiver est lancée en 1960, alors que la municipalité d'Albert Michallon souhaite donner à Grenoble une nouvelle dimension. Le dossier de candidature mentionne : « Grenoble bénéficie de cet immense privilège d’être situé au centre géographique d’une région possédant déjà une longue tradition sportive et une infrastructure susceptible de faciliter une telle entreprise. »

En quelques mois sortent du sol la cité Malherbe pour la presse, le Village olympique pour l’hébergement des athlètes et le grand stade d’ouverture, dont il reste aujourd’hui la vasque, déplacée dans le parc Paul Mistral. Le programme des Jeux entraîne une modification dans l’urgence du plan Bernard, le schéma directeur d’aménagement établi en 1963 qui envisageait la conquête du Sud grenoblois par une gigantesque et rigoureuse composition d’immeubles. Seuls demeurent la maison de la Culture, conçue sur un talus par l’architecte André Wogenscky, et l’hôtel de ville, signé par Maurice Novarina en bordure du parc Paul Mistral.

Une ville transformée par les Jeux olympiques d’hiver (1968)

Le 6 février 1968, devant plus de cent mille spectateurs, et pour la première fois devant des millions de téléspectateurs, le Général de Gaulle déclare officiellement ouverts les Xe Jeux olympiques d’hiver. Cet événement verra la naissance d’une légende, le skieur Jean-Claude Killy, avec ses trois médailles d’or. Les Jeux transforment la cité tout entière en la dotant d’infrastructures toujours présentes dans le paysage urbain. Les autoroutes jusqu’à Voreppe au nord et jusqu’au Touvet à l’est complètent la rocade de contournement de Grenoble par l’ouest et le sud réalisée dans le cadre du plan Bernard de 1963. À cela s’ajoutent d’importants équipements : l’aéroport, la nouvelle gare SNCF, l’hôpital sud, le stade de glace avec ses audacieuses coques de béton, le Village olympique et le centre de presse, qui seront transformés par la suite en logements sociaux.

De cette période, Grenoble hérite d’édifices modernes caractérisés par le « tout béton ». Certains reçoivent des façades de verre avec la technique du mur-rideau. On assiste à des prouesses techniques et esthétiques : béton brut de décoffrage avec sa peau marquée de trace du coffrage, façades lisses vitrées et sombres du rectorat représentatif du mouvement moderne, etc. De nombreux bâtiments de cette période comptent parmi les vingts labellisés Patrimoine du XXe siècle par le ministère de la Culture et de la Communication. L’irruption de la modernité atteint son apogée avec le premier Symposium français de sculpture, ouvert dès l’été 1966 à une quinzaine d’artistes de tous les pays qui œuvrent au milieu du public, notamment dans le parc Paul-Mistral.

Capitale des sports d’hiver, traversée par les avant-gardes scientifiques et culturelles, Grenoble est propulsée sur la scène internationale. Son image est désormais associée aux massifs montagneux et aux stations de ski qui l’entourent, dépassant largement les limites communales.

De la ville à l’agglomération

Profitant d’une dynamique nouvelle, Grenoble s’étend. La ville d’hier, qui s’établissait sur les oppositions bien tranchées entre ville et campagne, ville et nature, centre et périphérie, est en train de disparaître. La croissance démographique exerce une pression énorme. Depuis la fin de la guerre, Grenoble est passé en seulement vingt ans de cent mille à plus de cent soixante mille habitants. Pour maîtriser une urbanisation galopante, la municipalité Dubedout (1965-1983) s’organise et crée en 1967 un syndicat d’études des problèmes d’urbanisme, qui deviendra le Syndicat intercommunal d’étude, de programmation et de réalisation de la région grenobloise, qui regroupe alors 21 communes. Grenoble est ainsi l’une des premières villes de France à organiser la planification urbaine à l’échelle de son agglomération et à produire, en collaboration avec l’Agence d’urbanisme de la région Grenobloise créée en 1967, le schéma directeur d’agglomération. Le stade des Alpes qui voit le jour en 2008 est l’un des premiers projets d’agglomération porté par Grenoble-Alpes Métropole. Conçu par le cabinet d’architecture Chaix et Morel, le projet suscite de nombreux débats, notamment en raison de son emplacement à l’est du parc Paul-Mistral, en remplacement du stade Charles Berty inauguré en 1936.

Si la Villeneuve est la plus importante opération d’urbanisme qu’ait connu l’agglomération, elle est aussi celle qui a suscité le plus d’intérêt et de polémique. Dès sa création, cette expérimentation d’envergure nationale préfigure de nombreuses réalisations dans les villes nouvelles. Ce premier projet d’urbanisme concerté est l’expression d’une volonté politique et d’une recherche paysagère pour le développement urbain du sud de la ville. Dans le cadre du schéma directeur d’agglomération, les deux municipalités de Grenoble et d’Échirolles décident d’étudier deux zones d’urbanisation prioritaire (ZUP), chacune réalisant les opérations. La municipalité de Grenoble s’engage alors dans l’ambitieux projet de construire une « Villeneuve » qui veut concilier logements, équipements, loisirs et emplois sur un modèle social utopique. Cet ensemble se compose de plusieurs quartiers : l’emblématique Arlequin, réalisé entre 1970 et 1973 (architectes AUA), et les Balladins à partir de 1975. Ces deux ensembles sont réunis par un grand parc urbain de 15 hectares, dessiné par le paysagiste Michel Corajoud, autour duquel sont disposés les immeubles de logements et les équipements. Les accès voitures, les transports en commun et le stationnement sont repoussés en bordure, selon les principes fondamentaux de l’urbanisme moderne de cette époque. L’ensemble bénéficie d’œuvres artistiques comme les Géants de briques de Schultze en bordure du parc, les fresques de la coopérative des Malassis sur les façades de Grand’Place (aujourd’hui disparues) et celle de l’artiste Ernest Pignon sur une façade de la Bourse du travail. Le cadre bâti porte intensément la marque des choix culturels, sociaux et économiques des périodes de création. Avant tout perçu comme une sorte de « laboratoire social », des innovations y prennent forme dans divers domaines : enseignement, équipements intégrés, maison médicale, etc. Engagée depuis 2008 dans un important projet de renouvellement urbain mené avec le concours de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), la Villeneuve demeure, comme à ses origines, un inépuisable réservoir de débats.

La ville en recomposition

Dans les années 1970, le centre ancien fait l’objet d’une attention nouvelle, car l’état d’insalubrité et de vétusté des immeubles condamne à la démolition une partie du vieux Grenoble. L’aménagement de ces vieux quartiers est entrepris sur la base d’un recensement et d’enquêtes techniques et sociales précises. Leur mise en valeur fait l’objet d’une politique à long terme. L’initiative associative se manifeste la première, notamment à travers la création en 1965 du Comité de sauvegarde du Vieux Grenoble, en réaction à la destruction de bâtiments historiques (rempart gallo-romain). Ce comité bénéficie de l’appui de la municipalité qui crée en 1975 le service des Vieux Quartiers : plus de 40 agents sont chargés de réhabiliter le centre ancien tout en maintenant la population en place et en préservant le patrimoine architectural et urbain. L’État participe à ce mouvement en protégeant au titre des Monuments historiques toutes les formes de patrimoine (militaire, industriel, etc.). Ainsi sont restaurés Sainte-Marie-d’en-Haut, qui accueille le Musée dauphinois, la porte Saint-Laurent, les remparts et les casemates.

Requalification du centre ancien

Les années 1990 s’inscrivent dans un contexte différent de celui des Trente Glorieuses. Ce ne sont plus les grands projets qui mobilisent les édiles, mais plutôt la mise en valeur de l’acquis. La volonté est de reconvertir les bâtiments anciens pour les réutiliser, comme le musée de l’Ancien Évêché et le palais de justice, tous deux protégés au titre des Monuments historiques. La ville, engagée jusque-là dans une politique uniquement sociale, s’investit dorénavant sur le volet patrimonial avec la création en 2005 d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), modifiée en aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) en 2013.

Marquant une rupture avec le « tout voiture », notamment par la piétonnisation du centre ancien dans les années 1970, Grenoble souhaite apaiser et affirmer son rôle de centralité. Elle est la deuxième ville de France après Nantes à réintroduire le tramway en 1987. Dans les années 1990, la ville poursuit cette politique et engage des projets sur l’espace public répondant à des préoccupations urbanistiques fortes : améliorer l’environnement, assurer le confort et l’accès aux habitations, créer des rues plus conviviales en limitant les conflits entre automobilistes et piétons (zone piétonne, zone 30km/h) et valoriser l’architecture du centre ancien.

Plusieurs opérations d’aménagement sont engagées à l’intérieur de l’enceinte gallo-romaine et au cœur du noyau médiéval de la cité : rue Barnave et place Claveyson en 1988, place Notre-Dame en 1989 en raison des travaux liés à la ligne B du tramway, place aux Herbes, rue Brocherie et rue de Valbonnais en 1993, place de Verdun en 1999. Aux abords de la place Notre-Dame, le musée de Grenoble, dont le bâtiment contemporain est relié à la tour de l’Île, est inauguré en 1994. Enfin, dans le palais épiscopal réhabilité, le musée de l’Ancien Évêché dédié à l’histoire de Grenoble et de l’Isère ouvre ses portes en 1998. La ville témoigne ainsi d’une lente prise de conscience de la place du patrimoine et de l’histoire comme facteur de revitalisation culturelle, commerciale et touristique du centre ancien. Ce mouvement se poursuivra au-delà des années 2000.

Reconversion des friches militaires et industrielles

Dans les années 1980, le foncier devient rare. Le développement n’est possible que par la reconversion d’espaces libérés par les industries ou par l’armée, qui constituent une opportunité pour reconstruire la ville sur elle-même. En effet, les anciennes industries grenobloises, dans le quartier Berriat notamment, n’échappent pas à la régression observée au niveau national, alors qu’au même moment, des terrains militaires sont cédés à la municipalité. Le traitement de ces friches va évoluer au fil du temps. Si, au départ, la priorité est donnée à la construction de logements, faisant table rase du passé, les aménagements ultérieurs prendront en compte de façon plus ou moins importante l’histoire des sites. Au processus de démolition/reconstruction succède ainsi la volonté, parfois ténue, de conserver des traces et de réhabiliter le patrimoine existant. Ainsi, alors que le quartier Hoche a été construit dans les années 1980 sur la destruction des anciennes casernes, le quartier de Bonne (2000) repose au contraire sur la réhabilitation de plusieurs bâtiments militaires. Le parti d’aménagement de l’ancien site industriel Bouchayer-Viallet préserve quant à lui une petite halle et l’ancienne halle Eiffel, rapportée de l’Exposition universelle de Paris, qui abrite depuis 1986 le Centre national d’art contemporain. Au vu du tènement disponible, certains trouveront que cet engagement pour le patrimoine reste minime.

Parcs et jardins

Grenoble est une ville dense et contrainte au niveau des risques naturels et de sa situation géographique. Elle donne ainsi une place importante à l’aménagement de ses espaces publics et à la création de parcs accompagnant les nouveaux quartiers Hoche, de Bonne ou Flaubert. On observe une grande diversité dans le traitement paysager, du grand parc des Champs-Élysées (Bachelard) dans le quartier Mistral, à l’intimité du petit parc Marliave dans le quartier Berriat. Des réaménagements sont effectués dans le Jardin de ville, dans le centre ancien et à la Villeneuve dans le parc Jean-Verlhac. L’intervention du paysagiste Alexandre Chemetoff dans le parc Paul-Mistral demeure une opération phare, qui a permis d’accroître sa superficie de dix-huit à trente hectares et de le relier aux berges de l’Isère.

Réhabilitation des grands ensembles

Afin de revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires, au moment où se mettent en place en France les dispositifs de réhabilitation à grande échelle, la municipalité Dubedout expérimente le développement social des quartiers (DSQ). Sont concernés les quartiers Mistral de 1982 à 1984 et Village olympique de 1988 à 1993. Au début des années 1990, 45 % du parc HLM de la ville de Grenoble bénéficie ainsi d’une procédure de réhabilitation.

Aujourd’hui, la quasi-totalité des grands ensembles grenoblois, situés en majorité au sud des Grands Boulevards, font l’objet d’un contrat de quartier avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine : Villeneuve, Village olympique, Paul-Mistral, Lys rouge, Jouhaux et Teisseire. L’approche urbaine se caractérise par des destructions partielles et l’apport d’équipements publics et de services, et non par une destruction totale de ces grands ensembles.

Science, culture et technologie : les outils d’une ambition

Lors des Jeux olympiques d’hiver de 1968, André Malraux, ministre de la Culture, inaugure la maison de la Culture (architecte André Wogenscky), ainsi que le Musée dauphinois sur les contreforts de la Bastille. Ces équipements matérialisent à leur façon l’axe nord-sud de l’extension de la ville. À cette époque, il était d’ailleurs prévu d’urbaniser plus largement la Bastille, comme en témoigne la construction des instituts de géologie et de géographie alpine, ainsi que la résidence universitaire du Rabot.

Une géographie culturelle

Dans les années 90, deux opérations impulsent une dynamique nouvelle dans le centre ancien. La construction du musée de Grenoble et la réhabilitation de l’ancien palais épiscopal, abritant le musée de l’Ancien Évêché, se révèlent être des facteurs essentiels de la continuité urbaine entre le cœur historique de la ville et son ouverture à l’est. Le muséum de Grenoble fait également l’objet d’une rénovation conçue par le conservateur de l’époque, Armand Fayard. Ses espaces d’exposition sont repensés au travers d’une muséographie plus attractive en adéquation avec ses collections et ses missions. Il est agrandi d’un bâtiment administratif contenant 1 000 m² de réserves

De 1963 à 1988, un réseau de lecture publique dense accompagne le développement urbain, avec le déploiement de sept petites bibliothèques de quartier. Par ailleurs, dès 1970, la Bibliothèque municipale quitte la place de Verdun pour s’installer dans l’ancienne bibliothèque universitaire boulevard Maréchal-Lyautey, alors que la première médiathèque du quartier de l’Arlequin est créée en 1972 pour accompagner le développement du sud de la ville. En 1976, un équipement pilote en France, la médiathèque Grand’Place, s’ouvre dans le centre commercial du même nom. Elle sera reconstruite et rebaptisée bibliothèque Kateb Yacine en 2005. D’autres bibliothèques seront ainsi implantées dans les quartiers au cours de ces années, renforçant le maillage du territoire.

L’organisation en 1967 du premier Symposium français de sculpture est un autre signe fort de la politique culturelle de la municipalité. Elle affirme la présence de l’art dans le bouleversement architectural et urbanistique de la ville. L’organisation de la manifestation est confiée en 1966 à une association, qui fait appel à des artistes venus de tous les horizons et peu connus en France. Ces derniers, intervenant dans un site urbain préexistant, sont confrontés au dialogue avec le public et à l’intégration de leurs œuvres à l’architecture et à l’espace urbain. Un musée à ciel ouvert voit le jour avec près de quinze œuvres répartis sur le territoire

Vers une recherche scientifique de masse

Marquée par les événements de 1968, l’Université prend une certaine distance vis-à-vis du monde industriel. La multiplication des équipes et des laboratoires, avec une spécialisation de plus en plus poussée, produit un environnement dynamique mais complexe où la physique, en comptant l’Institut des sciences nucléaires, reste dominante. Viennent ensuite les mathématiques pures et appliquées, la chimie, et les équipes relevant de l’automatique et de l’électronique. À cela s’ajoute le CENG qui regroupe alors plus d’un millier d’agents, dont une grande partie de chercheurs, et les laboratoires propres du CNRS installés sur le polygone scientifique. Au début des années 1970, on estime que l’ensemble de la recherche grenobloise représente près de 3 500 personnes (chercheurs, techniciens et administratifs). En parallèle, l’université des Langues et Lettres et l’université des Sciences sociales connaissent aussi une très forte croissance de leurs équipes et de leurs étudiants. Grenoble devient un pôle d’enseignement et de recherche diversifié dans le domaine des « autres sciences ».

Les évolutions s’accélèrent au cours des années 1970, avec le départ de nombreux fondateurs. Louis Néel, le plus emblématique d’entre eux, prix Nobel de physique en 1970, quitte en 1976 le CENG, qui rentre dans le fonctionnement courant du CEA. Surtout, l’essor rapide de nouvelles disciplines, comme l’informatique et l’électronique, et leurs retombées industrielles ouvrent de nouvelles perspectives, scientifiques et industrielles.

Le renouveau du high-tech

Le renouveau le plus marquant vient de l’électronique et de l’informatique. Les bases de l’électronique à Grenoble sont posées au milieu des années 1950, résultat d’une rencontre entre initiatives industrielles et recherches universitaires. En 1955, Thomson-CSF implante à Saint-Egrève une usine de production de composants. Après l’intégration au milieu des années 1980, de EFCIS, fondé par Michel Cordelle, déjà à l’origine du LETI, et la fusion avec la société italienne SGS en 1987, SGS-Thomson devient STMicroelectronics. Fortement soutenue par les pouvoirs publics, la nouvelle société se développe dans la vallée du Grésivaudan. Les opérations de Crolles I en 1992, puis de Crolles II en 2001, constituent l’un des plus gros investissements industriels de France : « ST Micro » devient alors le premier employeur du bassin grenoblois. L’histoire de l’électronique ne se résume pourtant pas aux grands groupes. De nombreuses start-up ont également réussi à percer, la principale étant Soitec qui emploie neuf cents personnes en 2008.

Dans le domaine de l’informatique, deux secteurs distincts émergent notamment grâce aux travaux initiés par l’Institut de mathématiques appliquées de Grenoble (IMAG) et par le Laboratoire d’automatique de Grenoble (LAG). Parmi les nombreuses petites sociétés de services en ingénierie et informatique, la plus importante est sans doute celle de Capgemini, créée en 1967 sous le nom de Sogeti par des anciens de Bull, dont Serge Kampf. L’entreprise devient en quelques années l’un des premiers groupes mondiaux de services informatiques et de conseil aux entreprises. Dans le domaine de l’automatique et des calculateurs industriels, la société Mors met au point des mini-ordinateurs destinés à l’industrie. Les fabrications sont transférées dans deux usines, à Crolles, puis Échirolles, qui emploient jusqu’à sept cents personnes dans les années 1970. Le rachat de cette société par Télémécanique, elle-même intégrée au groupe Thomson dans la mouvance du plan calcul, entraîne l’arrêt du développement des ordinateurs : quelque trente ingénieurs quittent alors la société pour fonder une quinzaine d’entreprises dans la Zone pour l’innovation et les réalisations scientifiques et techniques (ZIRST) de Meylan.

Conçue dès 1967 dans le cadre du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de l’agglomération, la ZIRST se déploie à partir de 1972. Elle est caractéristique du développement industriel grenoblois dans les nouvelles technologies, basé sur l’essaimage d’activités de laboratoires et sur la complémentarité des compétences entre PME innovantes et gros centres de recherche. Étendue sur la commune voisine de Montbonnot-Saint-Martin, elle prend le nom d’Inovallée en 2005 et regroupe trois cent dix entreprises et 9 500 emplois en 2010. Au-delà de ce site, la diffusion dans le tissu urbain est favorisée par la multiplication des « incubateurs » et autres « pépinières d’entreprises », développés par la plupart des grands organismes (CEA, INPG, Université, etc.) depuis les années 1980.

L’attractivité du pôle scientifique grenoblois

L’agglomération grenobloise accueille aux cours des années 1970 plusieurs organismes internationaux qui viennent renforcer les activités et l’attractivité du site : l’Institut Laue-Langevin (ILL, 1974), issu d’une coopération franco-allemande (puis britannique), l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL, 1975), antenne spécialisée dans la biologie structurale d’un institut dont le siège est en Allemagne, l’Institut de radioastronomie millimétrique (IRAM, 1979), créé à Saint-Martin-d’Hères sous l’impulsion du CNRS, puis le Max-Planck-Gesellschaft (MPG), l’Instituto Geografico Nacional et le Centre de recherche du service de santé des armées.

Après un creux dans les années 1980, l’implantation de plusieurs laboratoires d’envergure nationale et internationale conforte à nouveau le site. En 1984, la décision de construire à Grenoble le Synchrotron (European Synchrotron Radiation Facility) a été déterminante pour affirmer la vocation de la Presqu’Île. Dans le secteur informatique, l’arrivée de plusieurs gros laboratoires privés et publics augmente le potentiel de la ZIRST/Inovallée : OSF (Open Software Foundation, consortium de constructeurs mondiaux d’ordinateurs, 1989), Sun Microsystems (1990), Rank Xerox (1992) et l’INRIA (1992). C’est aussi à cette époque que Hewlett-Packard choisit Grenoble pour implanter son centre de décision mondial sur les télécommunications et les ordinateurs personnels.

D’importantes mutations s’opèrent au cours des années 2000. La dénucléarisation du CEA, avec l’arrêt en 1997 de la dernière pile, Siloé, marque nettement la fin d’une période. Les recherches du centre s’orientent désormais vers les micro et nanotechnologies, les nouvelles technologies pour l’énergie et les biotechnologies. Cette évolution s’est faite en lien étroit avec les entreprises, et grâce au très fort soutien des pouvoirs publics dans le cadre de la politique des pôles de compétitivité et d’une valorisation soutenue (Minatec, projet Giant).

Période historique

7ème période : 1968 / aube XXIe

Thématique(s)

  • Histoire & Evolution de la ville
  • Sciences/techniques/innovation
  • Tourisme

Bibliographie

- DALMASSO A. et ROBERT É., « La science contre la crise », dans Grenoble : Histoire d’une ville, FAVIER R. (dir.). Grenoble, Glénat : 2010.
- FAVIER R. (dir.). Grenoble : histoire d'une ville. Grenoble : Glénat, 2010.
- CAYOL-GERIN A., CHARBONNIER V. et de MONTJOYE A. Grenoble : traces d’histoire. Veurey : ed. Le Dauphiné Libéré, 1997.
- JOLY J. et PARENT J-F. Paysage et politique de la ville : Grenoble de 1965 à 1985. Grenoble : PUG, 1988.
- MARREY B. Guide Rhône-Alpes de l'architecture du XXe siècle. Paris : Ed. URCAUE-Picard, 2004.
- « Grenoble traces d’histoire » , coll. les Collaboration avec le bureau d’Etudes des Espaces publics de la ville de Grenoble, La Lettre-Grenoble-Culture N°30, Janvier-Février 1994.

Crédit (auteur)

Directions des Affaires Culturelles et de l'Urbanisme, Ville de Grenoble

Diaporama

Anneaux des Jeux olympiques de Grenoble au Parc Paul Mistral.
Le stade de glace.
Cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Grenoble au Parc Paul Mistral.
Construction du Village olympique.
Villeneuve. Vue aérienne.
Illumination du centre-ville quartier Très-Cloître.
Place Notre Dame.
Caserne de Bonne, ancien bâtiment militaire réhabilité.
Extension du Parc Paul Mistral. Amphithéâtre.
Cité Mistral.
Jardin du cloître du Musée dauphinois et son cadran solaire.
Bibliothèque Kateb-Yacine.
CNRS, microscope électronique.
Campus universitaire. Bibliothèque des Sciences.
Technologies 3D au CEA-Leti.
Laboratoire du CEA-Leti.
Minatec.
Synchrotron. Vue aérienne.
Villeneuve et son parc Jean Verlhac
Visite guidée dans le CNAC-Le Magasin.
La cité Mistral.