Villes & Pays d'Art & d'Histoire

Suite à l'audition du maire de Grenoble par le Conseil national des Villes et Pays d'art et d'histoire le 22 juin 2017, Grenoble a obtenu le label Ville d'art et d'histoire le 28 août 2017.

La convention entre la Ville et le ministère de la Culture ainsi que ses annexes entre la Ville et l'Office de Tourisme Grenoble-Alpes Métropole et  la Ville et le département de l'Isère ont été signées le 30 novembre 2017.

En savoir plus : http://www.vpah.culture.fr

Préambule au dossier de candidature, septembre 2016

Pourquoi Grenoble ferait-elle partie des Villes d'Art et d'Histoire et qu'en tirerait-elle ? C'est bien parce que les réponses à ces questions ne relèvent pas a priori de l'évidence que cette candidature nous a apparu essentielle.

Depuis le lancement de la démarche de candidature au label en novembre 2013, la Ville et ses partenaires – État, Département de l'Isère, Office de Tourisme Grenoble-Alpes Métropole – se sont engagés dans une dynamique collective à laquelle ont participé de nombreux acteurs associatifs.
La démarche de valorisation patrimoniale portée par la Ville de Grenoble s'inscrit au croisement des politiques publiques : elle irrigue l'aménagement urbain, la culture, la cohésion sociale, l'éducation, le développement durable, le tourisme, l'économie.
Si cette candidature est le résultat d'un travail collectif, c'est avant tout l'amorce d'une appropriation nouvelle de ce territoire de contrastes par ses habitants, ses décideurs et ses forces vives, autant que par ses visiteurs.

Enserrée dans un écrin montagneux qui s'impose à ses perspectives urbaines, Grenoble est identifiée comme destination de tourisme saisonnier, comme cité d'innovations sociales, scientifiques et technologiques, comme ville universitaire attractive et effervescente, comme ville de cultures, comme ville accueillante et solidaire.
Mais Grenoble ne s'affiche pas d'emblée comme une belle ville, tant la diversité de ses patrimoines peut être déroutante et forte la concurrence avec le grand paysage.
Les trois massifs qui l'entourent ainsi que sa position au confluent de trois vallées, façonnées par l'histoire des glaciers, et de deux rivières, offrent à Grenoble un cadre de ville exceptionnel. Des rues étroites du centre ancien comme de l'éperon rocheux de la Bastille, les liaisons visuelles rattachent la ville à son paysage, à son environnement naturel proche que dessinent sur son territoire une trame verte, des parcs et jardins.
C'est de la Bastille, véritable promontoire naturel, que la lecture de la ville et de son agglomération se fait le plus aisément, révélant les multiples strates de son histoire et de son évolution. Ville antique, ville médiévale, ville parlementaire, ville militaire, ville haussmannienne, ville industrielle, ville de l'or gris, ville résistante, ville scientifique, ville olympique... Mêlant toutes les époques depuis l'Antiquité, la ville du 21e siècle, telle une mosaïque, juxtapose traces, espaces publics, architectures, tout en conservant l'écrin immuable des montagnes environnantes.

Dès sa naissance il y a plus de 2000 ans, Cularo, puis Gratianopolis et enfin Grenoble voit son développement profondément marqué par les contraintes naturelles de son site, mais aussi par ses fortifications successives, qui jouent un rôle déterminant dans son évolution. Ces deux frontières lui imposent un processus permanent de recomposition, qui fonde sa singularité et trouve un prolongement manifeste dans son appétence pour la recherche et l'innovation. Ce réagencement exige aussi de s'atteler sans relâche à approfondir le lien qui unit les habitants à un environnement humain, urbain et naturel en mouvement incessant.

Ville d'art jusqu'en 2005, dotée de trente-cinq édifices protégés au titre des monuments historiques et d'une aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) devenu Site Patrimonial Remarquable (SPR), Grenoble est parsemée de marqueurs historiques, comme autant de voix d'un récit dense et complexe qui se poursuit aujourd'hui dans sa politique d'aménagement urbain et de développement durable, ainsi que dans sa construction métropolitaine, qui réagence encore une fois les géographies collectives.

Comment habite-t-on un territoire qui nous impose une telle dialectique ? C'est bien l'enjeu de ce label : construire son parcours intime sur un terrain de jeu qui se révèle pas à pas, habiter une ville en transition en s'appropriant ses attaches historiques, interroger les projets d'avenir à la lumière des apprentissages passés, accueillir les innovations contemporaines d'autant plus sûrement qu'elles dialoguent avec une nature omniprésente, participer à l'écriture d'un récit partagé avec les habitants, les associations, les professionnels.

Naturellement, la candidature de Grenoble au label comporte un volet numérique  – ce site grenoble patrimoine.fr – pour permettre un accès didactique à des ressources documentaires partagées et accompagner les parcours des habitants et visiteurs tout comme des acteurs éducatifs. Ce parti pris est résolu : à partir d'un socle de fondamentaux construit avec les partenaires de la démarche de valorisation patrimoniale animée par la Ville, le label se nourrit des apports de chacun au récit collectif. Le dossier de candidature  accorde une place importante à l'iconographie mettant en dialogue la ville ancienne et contemporaine, donnant accès à la richesse des collections et offrant un aperçu du fonds de ressource documentaire qui est valorisé par ce site. La sélection des images a été effectuée par les conservateurs des archives, de la bibliothèque d'Etude et du Patrimoine, du musée, du muséum de Grenoble et en collaboration avec les musées départementaux. Organisé en quatre parties, le dossier s'ouvre sur une photographie de Grenoble d'aujourd'hui à travers quelques thématiques qui caractérisent la ville. Il décrit ensuite la ville patrimoniale et ses acteurs, les enjeux posés par son renouvellement urbain et un portrait esquissé de sa riche vie culturelle. La troisième partie est consacrée au paysage, au patrimoine et à l'architecture de Grenoble, sous un prisme historique construit en articulation avec un conseil scientifique qui a proposé un découpage en sept périodes de -43 av. JC aux années 2000, en s'appuyant sur les différentes étapes de fortification de la ville, et procédé à une sélection parmi les nombreux éléments patrimoniaux significatifs de chaque période. Enfin, la quatrième partie développe le projet culturel de territoire, les axes stratégiques, la mise en œuvre du label  à travers des thématiques qui guident la politique des publics, le programme d'actions et l'organisation administrative et scientifique.